Le « non » grec : quel est le poids de ce boulet ?
Maintenant que la population grecque a fait entendre sa voix lors du référendum, les relations entre la Grèce et l’Europe sont sous haute tension. Mais la situation est-elle réellement sans espoir ? Et quelles sont les répercussions sur les marchés financiers ? Yves-Michael Kazadi, Investment Analyst chez Beobank, fait le point.
Le langage violent de l’Europe était-il prématuré ?
Les mots de M. Dijsselbloem, président de l’eurogroupe, paraissaient très durs : si la population grecque répondait « non » à la question du référendum, plus aucune négociation ne serait possible entre la Grèce et l’Europe. La chancelière allemande A. Merkel souhaitait également suspendre les négociations dans l’attente des résultats du référendum.
Selon nos analystes, il est fort peu probable que le « non » des Grecs mette un terme aux négociations. D’abord et avant tout, le gouvernement grec a toujours affirmé vouloir parvenir à un accord avec l’Europe. De plus, les créanciers trouveraient eux aussi leur compte dans un happy ending grec. Personne ne veut assumer la responsabilité d’un tel effritement de l’Union européenne. Et plus important encore, les créanciers ont plus de chances de revoir leur argent si le pays s’en sort.
Le scénario catastrophe
Avant que nous n’exprimions les raisons de notre optimisme, il semble pertinent d’examiner le scénario le plus extrême. Imaginez que :
- L’Europe interprète le « non » grec comme un signe d’une volonté de quitter l’UE et l’UME.
- L’absence de soutien financier de l’Europe plonge les banques et le gouvernement grecs dans une crise encore plus profonde et que la Grèce manque ainsi le remboursement important du 20 juillet.
- La Grèce se voit dans l’obligation de réintroduire la drachme.
Cela signifierait que la Grèce devrait faire appel à une monnaie parallèle pour continuer à financer ses affaires courantes, comme les pensions par exemple. Avec cette monnaie, la Grèce se trouverait impliquée dans divers différends juridiques avec ses créanciers, à l’instar de ce qui est déjà arrivé quand l’Argentine est tombée en faillite. Cela mènerait inévitablement à un Grexit officiel.
Le scénario réaliste
Une majorité d'analystes considère que, dans la crise grecque, le scénario optimiste est le plus réaliste :
- Le « non » grec renforce la position du premier ministre A. Tsipras et de son parti Syriza, sur la base de laquelle il poursuit les négociations avec l’Europe.
- Des réformes structurelles vont de pair avec un renflouement éventuel, une restructuration de la dette et une recapitalisation des banques.
- La Grèce respecte le délai important du 20 juillet et peut à nouveau songer à des financements sur les marchés des capitaux.
Comment les marchés financiers réagissent-ils ?
Evidemment, nous pouvons nous attendre à une certaine nervosité sur le plan financier :
- Nous notons une certaine prudence ou « flight to quality » concernant les obligations.
- Concernant les actions, il ne faut pas négliger une certaine tension sur les marchés européens.
- Bien que le « non » grec ait eu un impact direct sur l’euro, il ne faut pas craindre le pire. Grâce à la démission du ministre grec des Finances, Y. Varoufakis, et à l’attitude positive de M. Draghi, président de la Banque centrale européenne, la situation est actuellement relativement stable.
- Sur le plan des Emerging Markets, une pression s’exerce sur les pays où les banques grecques sont fortement présentes, comme la Bulgarie et la Roumanie. Le contrôle des capitaux a toujours un impact négatif sur les importations et la consommation privée, ce qui devrait avoir une influence négative sur les pays voisins que sont la Russie et le Kazakhstan.
Devons-nous craindre une crise semblable à celle de 2011-2012 ?
Même si le scénario catastrophe se réalise, la situation actuelle reste plus engageante que celle de 2011-2012, pour les raisons suivantes :
- Les pays qui se trouvent à la périphérie de l’eurozone se caractérisent par un taux d’endettement relativement bas et une politique différente. Il semble fort peu probable qu’un parti comme Syriza parvienne au pouvoir dans ces pays et se comporte de la même manière dans les négociations avec l’Europe.
- La majorité de la dette est détenue par la Banque centrale européenne et par l’eurogroupe. Les banques ne sont guère exposées à cette dette.
- La Banque centrale européenne peut intervenir à tout moment pour maintenir à un faible niveau les taux de pays comme l’Italie, le Portugal et l’Espagne. En outre, l’attitude positive du président Draghi constitue un atout.
En résumé
Nos analystes ont une vision constructive. Le scénario catastrophe paraît encore loin et il y a des raisons d’être optimiste. Rien de surprenant à ce qu’un accord rapide et équilibré constitue la clé pour retrouver le marché financier enthousiaste d’antan.
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