Un skipper n’est jamais vraiment seul…
Un bateau de course au large est comme une formule 1 : Jonas Gerckens est le « pilote ». Autour de lui ?...
La première mise à l’eau du nouveau bateau de Jonas Gerckens avait lieu ce 20 mai à la Trinité-Sur-Mer. Rencontre avec le skipper belge au lendemain de ce véritable évènement…
Comme tout navigateur de course au large, Jonas Gerckens rêvait d’avoir son propre bateau pour participer aux plus belles courses de la planète. Son rêve se réalise ! Après des années de dur labeur et plusieurs mois de chantier, son voilier de dernière génération a vu le jour ce jeudi 20 mai à la Trinité-Sur-Mer en Bretagne. Un Volvo 164 (class40) prêt à affronter les éléments pour lui permettre de briguer les premières places lors de la mythique Route du Rhum en 2022. Un véritable « Graal », financé en partie grâce à Beobank, pour le sportif de haut niveau Adeps…
Jonas Gerckens : « Je ne réalise pas encore tout à fait ! C’est un peu comme le jour de son mariage : on doit être au four et au moulin, sans parvenir à vraiment profiter du moment. Mais les prochains jours vont me permettre d’atterrir. Prendre conscience qu’un nouveau bateau est à l’eau et que c’est… le mien et celui de l’équipe Volvo. Mais les évènements vont aussi rapidement s’enchaîner : à la fois pour réaliser les derniers réglages et préparer notre première course (ndlr Le 27 juin, Jonas sera au départ de la course “Les Sables-Horta-Les Sables” aux côtés de Benoit Hantzperg). »
Jonas : « C’est une journée capitale dans la vie d’un bateau. Nous avons finalisé la sortie de chantier : les derniers réglages, la mise sur le camion de transport, la pose du mât, etc. Mais aussi un repas commémoratif (organisé par ma compagne) avec toutes les personnes qui ont œuvré à cette incroyable aventure. Une tradition à laquelle je tenais et une occasion de leur dire merci ! La suite ? Le voilier a été amené au port pendant les deux (très longs) kilomètres qui séparent le chantier du port. Une grue a ensuite pris le relais pour la mise à l’eau. C’est très émouvant de voir la coque toucher la mer pour la première fois. »
Jonas : « Absolument ! Nos premières observations (en termes de flottaison, de forme, etc.) étaient très positives. La mise au ponton a aussi permis de vérifier l’électronique. Au cours des dix prochains jours, nous allons finaliser la préparation avant de mettre les voiles pour la première fois. Viendra ensuite le travail de mise au point en fonction des entraînements et des premières compétitions. Un bateau de course, c’est comme une formule 1 : il faut sans cesse faire des réglages et des choix techniques en fonction de nos expériences, afin d’améliorer les performances et la fiabilité. »
Jonas : « C’est un peu mon bébé. J’ai participé à sa conception et il est unique ! C’est aussi mon binôme dans les courses en solitaire. Une relation fusionnelle naît entre nous : il est mon seul compagnon ; je lui parle ; je le félicite et parfois je lui crie dessus ; on prend soin l’un de l’autre. Ce n’est pas un être vivant, mais on n’est pas loin (rires). Il a d’ailleurs un petit surnom : rawette (ndlr Le “petit plus” en wallon). »
Jonas : « Le chantier a duré huit mois… grâce à des personnes extraordinaires. C’est également l’aboutissement d’une vingtaine d’années dans la course au large. Je rêve de mon bateau depuis mon premier jour ! Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut faire ses preuves au niveau sportif : de la classe Mini (ndlr L’équivalent du karting pour la formule 1) à ma première Route du Rhum en 2018. Même si c’était déjà incroyable d’être au départ de cette course mythique, j’avais dû rénover un ancien bateau, faute de moyens. Malgré tout, les résultats ont été au rendez-vous (ndlr Jonas avait battu le record belge en se classant 14e). Il faut également convaincre des partenaires qui, comme Beobank, font le pari de croire en nous et choisissent de monter à bord de l’aventure. Sans eux, ce projet n’aurait pas été possible ! »
Jonas : « La course au large est un sport extrême et très exigeant, alors le confort passe au second plan ! Un peu comme une formule 1 par rapport à une voiture classique… C’est assez brut et construit pour atteindre des performances : la toilette, c’est un simple sceau ; la cuisine, juste un réchaud ; un matelas à billes sommaire pour dormir ; etc. La coque est rigide et légère (avec une épaisseur de 2 cm), sans isolation. Cela résonne donc très fort à l’intérieur. On ne se rend pas forcément compte, mais les skippers vont au bout de leurs limites mentales et physiques. »
Jonas : « Ce bateau de dernière génération est un énorme pas en avant. Comme dans tout sport “mécanique”, les évolutions architecturales et techniques avancent rapidement et font vraiment la différence en matière de résultats. Lors de ma première Route du Rhum en 2018, mon bateau de “seconde division” ne permettait que des pointes de vitesse à 40 km/h, alors que les meilleurs atteignaient 50 km/h. Un écart énorme sur 15 jours de course ! Grâce à Rawette, je suis à la pointe et la pression repose maintenant sur mes épaules. A moi de prouver qu’avec un bon bateau, je peux y arriver ! »
Jonas : « C’est exact ! Je vais bientôt participer à ma première Transat Jacques-Vabre (ndlr Départ du Havre le 7 novembre pour rejoindre la Martinique). Mais j’aimerais aussi prendre le départ de la course Globe 40 — un tour du monde en huit étapes — et bien sûr représenter la voile belge aux Jeux olympiques 2024 à Paris (ndlr Avec un autre bateau). Mais le grand rendez-vous : c’est la Route du Rhum en 2022 ! Cette course transatlantique en solitaire qui relie Saint-Malo à la Guadeloupe est un véritable rêve de gosse. Je vise désormais le top 5… voire plus. Ce serait extraordinaire ! »
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