Marchés financiers : aperçu de la situation
Mise à jour 15/11/2024
Dans un premier temps, les investisseurs ne se sont pas trop inquiétés de l’apparition de la maladie au coronavirus, baptisée ultérieurement Covid-19, pas même lorsque les marchés d’actions ont chuté. Les places boursières n’avaient-elles pas repris le dessus rapidement après les précédentes épidémies ? Ainsi, les actions chinoises n’avaient perdu que 9 % de leur valeur lors de l’épidémie du SRAS en 2003, et trois mois plus tard, elles avaient déjà gagné 30 %. Des évolutions similaires avaient été observées lors des flambées des maladies à virus Ebola et Zika. Pourquoi en irait-il autrement cette fois-ci ?
Les investisseurs avisés le savent, les bourses entretiennent un lien étroit avec les crises. Depuis le changement de millénaire, elles ont digéré l’éclatement de la bulle de l’internet en 2000, les attentats terroristes du 11 septembre 2001, la crise financière de 2008 et la crise grecque de 2010. Les lecteurs plus âgés se souviendront aussi du Lundi noir, le krach du 19 octobre 1987.
Pourquoi cette crise serait-elle différente ? D’après la banque d’affaires américaine Goldman Sachs, c’est la première grande crise mondiale des temps modernes provoquée par un virus pour lequel il n’existe pas de traitement adéquat.
L’adoption de mesures monétaires telles que la baisse des taux et la mise à disposition de liquidités supplémentaires n’atténuent pas la peur que la maladie inspire, alors que ces mesures se sont révélés efficaces lors de crises causées par des phénomènes de marché tels que la crise du crédit ou l’effondrement du fonds spéculatif LTCM. De plus, les taux étaient déjà très bas lorsque l’épidémie a éclaté.
Ce n’est qu’a posteriori qu’une comparaison avec d’autres crises sur les marchés financiers pourra être effectuée. Dans une étude récente, Goldman Sachs a analysé tous les reculs de plus de 20 % de la bourse américaine depuis 1835. Le repli moyen des cours s’établit à 38 %, avec un record de 85 % pendant la Grande Dépression de 1929-1932.
Goldman Sachs distingue trois grands types de crise. La première est un repli cyclique, qui correspond aux mouvements ascendants et descendants de la conjoncture économique et que nous avons surtout connu au début des années 1980 et 1990. La deuxième est provoquée par des déséquilibres structurels. Pensons entre autres à l’éclatement de la bulle de l’internet ou à diverses implosions des marchés immobiliers. La troisième est déclenchée par un choc externe comme un attentat ou une crise pétrolière.
La crise financière faisant suite à un repli conjoncturel est surmontée en moyenne en 27 mois, contre 42 mois en cas d’adaptation structurelle. Lors d’un choc externe, cette période n’est que de 9 mois. Toutefois, même si la crise du Covid-19 peut être placée dans cette dernière catégorie, elle reste sans précédent.
"La gravité de l'impact économique de la crise sanitaire dépendra avant tout de la durée des lockdowns dans les différentes régions et de leur impact sur les résultats des entreprises. Cela dépendra également de l'efficacité avec laquelle la politique de soutien budgétaire et monétaire massive fonctionnera pour limiter les dégâts économiques. Contrairement à la crise financière de 2008, il est encourageant de voir aujourd'hui que les banques centrales et les autorités locales tentent immédiatement de soutenir l'activité économique avec un arsenal massif de mesures. Toutefois, le rythme de la reprise de l'activité économique ne sera pas parallèle au soutien apporté : par exemple, les pays ou les régions dont l'économie est fortement liée aux matières premières, et en particulier à la production de pétrole, ont été doublement touchés par la coïncidence de la crise sanitaire avec la crise pétrolière", conclut Marc Danneels, Chief Investment Officer chez Beobank.
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