Un monde de divergences
Yves Kazadi, Investment Analyst de Beobank, retient un mot pour décrire l’état des marchés dans le monde: divergence. Divergence entre les situations économiques. Divergence entre les politiques monétaires. Divergence entre les places boursières. La conjoncture n'est donc pas très lisible. Mais l'optimisme n'est pas interdit…
«La première divergence est celle qui existe entre les cycles économiques dans le monde», explique Yves Kazadi, Investment Analyst de Beobank. «Malgré les difficultés que font peser la crise pétrolière et le renchérissement du dollar, l'économie américaine se révèle très robuste. La croissance est tirée par la création d'emplois et les investissements sont soutenus. Le Japon, en revanche, souffre d'une faiblesse chronique tout en parvenant à se maintenir vaille que vaille.» Et dans la zone euro? «En Europe, la reprise est alimentée par la dépréciation de la devise et par le faible coût du pétrole. Mais cette reprise est récente, date en gros de 2015. Les conséquences de la crise de 2010 et 2011, provoquée par la situation grecque, sont loin d'être effacées.»
Autre divergence dans la planète économique: la Chine. «Le ralentissement s'est fait sentir au deuxième semestre de 2014 et il est devenu plus marqué au premier semestre de 2015, à cause notamment d'une diminution de la demande de produits chinois. La compétitivité de l'industrie a été érodée par un renchérissement des coûts salariaux. La Chine n'est plus le moteur économique de la planète. Elle n'est plus non plus l'atelier du monde puisque l'on constate qu'elle s'oriente de plus en plus vers les services. Mais elle conserve une économie solide qui affiche de nombreux signes de redémarrage.»
Quant aux pays émergents, Yves Kazadi y note un recul des investissements. «On attend toujours une hausse des taux d'intérêt américains et on sait qu'elle aura un impact négatif sur leur économie. D'où la prudence des investisseurs.»
Et en 2016?
Comment la situation va-t-elle évoluer? «Je reste confiant pour la zone euro et le Japon, avec un bémol pour les États-Unis. Actuellement, c'est l'économie américaine qui soutient la planète. Ce qui est son talon d'Achille: elle pourrait être affaiblie par une mauvaise conjoncture mondiale. Cela dit, ce risque est limité: cette économie est plus fermée qu'on ne le croit généralement.» Pour ce qui concerne l'Europe, Yves Kazadi souligne que la consommation des ménages et des entreprises a adopté une courbe positive, tendance qui devrait se confirmer en 2016. «La faiblesse de l'euro et des prix pétroliers y contribue grandement. Mais on voit aussi le taux de chômage diminuer, en Espagne notamment, et les demandes de crédit augmenter.»
Pour ou contre l'assouplissement monétaire
Autre grande divergence: celle des politiques monétaires. «L'Europe et le Japon se sont lancés à fond dans l'assouplissement monétaire et les pays émergents pensent adopter le même genre de mesures. De leur côté, les États-Unis abandonnent cette politique, même si l'on attend toujours le relèvement des taux que doit décréter la Réserve fédérale. Sa présidente, Janet Yellen, patiente encore avant de prendre cette décision. Une décision inéluctable cependant puisque tous les signaux sont au vert pour elle. Ainsi, le risque inflatoire est sous contrôle. De l'avis général, elle le fera en fin d'année et cette hausse sera graduelle.» Conséquence de ces écarts dans les politiques monétaires: la plupart des devises se déprécient, sauf le dollar qui grimpe.
Les marchés boursiers, eux, évoluent en dents de scie. «Il y a quelques semaines, on a assisté à une hausse des Bourses des pays émergents puisque les États-Unis ne se décidaient toujours pas à augmenter leurs taux. Puis cette menace est devenue plus réelle et ces Bourses ont plongé. Ces mouvements sont compréhensibles mais ajoutent bien sûr à l'incertitude ambiante. Pour ma part, je reste confiant dans les Bourses chinoises, japonaises et européennes en raison du potentiel de croissance de ces économies.»
Les opportunités existent
Quelles opportunités Yves Kazadi détecte-t-il dans le marché aujourd'hui? «Nous continuons à favoriser les actions des PME européennes qui enregistrent des performances supérieures à la moyenne. Nous nous intéressons aussi à ces sociétés qui sont sous-cotées pour plusieurs raisons et dont on réévalue la valeur parce qu'elles offrent un vrai potentiel. Toujours dans les PME européennes, nous suivons de près les pays périphériques, comme l'Italie.» Et quelles sont les thématiques à privilégier? «Les actions bancaires mais avec deux points d'attention. Certaines sociétés américaines sont exposées défavorablement à la hausse des taux, par exemple parce qu'elles ont des relations fortes avec les pays émergents. Et quelques banques européennes conservent un coût de management élevé, ce qui est un handicap dans un marché très concurrentiel.» Bien sûr, les nouvelles technologies restent attractives. «En Asie, les entreprises qui servent la classe moyenne sont promises à un bel essor. Et au Japon, je me tournerais vers les sociétés qui vendent des produits de marque nationale (Japan as a brand) à destination des touristes chinois de plus en plus nombreux.»
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