Pour une meilleure expérience de navigation, nous vous invitons à utiliser un autre navigateur compatible comme Firefox ou Google Chrome.

La gestion des peurs est un aspect crucial dans une transmission d’entreprise

Besoin de sécurité financière

Plusieurs peurs jalonnent le parcours de la cession ou de la reprise d’une entreprise. Murielle Machiels, ancienne CEO des Éditions Plantyn, qui a connu le cheminement qui mène à la reprise d’une entreprise, en identifie 3. Elle les détaille et livre quelques pistes pour les surmonter.

Lorsqu’on est prêt à céder son entreprise, que l'on sait "pourquoi", et que l’on a commencé à s’y préparer, qu’elle est l’étape suivante ?

Murielle Machiels : « C’est le moment d’évaluer objectivement son entreprise afin de la préparer à la vente. Le cédant doit alors faire appel à des consultants et des spécialistes qui vont l’y aider. Lors de cette étape, deux points sont importants à souligner. D’abord, le cédant doit gérer les peurs liées au fait que des observateurs extérieurs vont venir juger son entreprise et par conséquent le travail qu’il a effectué durant sa vie professionnelle. Or, il y a toujours des choses qui ne vont pas et qui doivent être améliorées. Le fait qu’il s’attelle à cette tâche, généralement trois ans avant la cession effective de l’entreprise, permet de rectifier le tir mais il faut accepter d’être évalué… ! Ce n’est pas évident. Ensuite, il faut rassurer le personnel qui a également ses peurs par rapport à la transmission annoncée de l’entreprise. Il faut écouter ce que les collaborateurs disent et répondre aux questions qu’ils (se) posent. »

Quelles sont les peurs que doit gérer le cédant ?

M. M. : « Elles sont liées à 3 grands besoins qui doivent être satisfaits. Le premier est la sécurité financière. Est-ce qu’une fois l’entreprise transmise, je vais m’en sortir ? C’est essentiel mais on ne doit pas réduire la transmission à cet aspect financier. Le deuxième est le besoin d’appartenance. Nous avons tous besoin de faire partie d’une communauté : la famille, les amis, les collègues, les collaborateurs, etc. Or, une fois l’entreprise vendue, le cédant perd de nombreux contacts et réseaux. Le troisième est la reconnaissance. Est-ce que ce que j’ai réalisé a de la valeur. Ces 3 peurs se traduisent par 3 questions : je n’ai pas assez, je ne suis pas assez aimé et je ne suis pas assez bien. »

Le repreneur ressent-ils les mêmes peurs ?

M. M. : « Oui, elles sont partagées par les deux parties. Tous les deux se posent la question : est-ce que je vais m’en sortir ? Le premier va se demander s’il recevra assez et comment il devra gérer l’après et le second s’il saura relever le défi et faire fonctionner l’entreprise et ne pas se retrouver dépassé, avec de grosses dettes à la clé. Maintenant, en règle générale, tout le monde pense à l’aspect financier mais moins aux deux autres besoins (appartenance et reconnaissance). Or il faut y être attentif. »

Vous soulignez pour ces deux besoins l’importance de pouvoir s’appuyer sur un réseau.

M. M. : « En effet. On constate que pas mal de patrons absorbés par leur entreprise ont délaissé leur famille et leurs amis. Une fois celle-ci cédée, ils perdent leur réseau professionnel et doivent alors en reconstituer un. Ce qui n’est pas aisé. En outre, ils abandonnent leur statut de patron et perdent en partie leur reconnaissance professionnelle. Ils doivent alors retrouver une autre forme de reconnaissance. De la même manière, les repreneurs doivent aussi créer un réseau pour pouvoir ne fût-ce que discuter ou avoir quelqu’un qui les écoute. Il faut apprendre à remplir ces besoins par soi-même. »

On en revient aux valeurs dont vous nous parliez dans un précédent article

M. M. : « Les valeurs vous définissent et peuvent vous aider à passer le cap. Par exemple, dans sa vie professionnelle, un patron aimait bien coacher les gens et les aider. Eh bien, rien n’empêche de continuer à le faire par après. Sinon il risque de s’ennuyer… J’en sais quelque chose. (rire) »

Murielle Machiels

Ancienne CEO des Éditions Plantyn, Murielle Machiels conseille aujourd’hui des organisations dans le cadre de l’adaptation aux changements rapides du marché induits par la numérisation. Forte de son expérience et de l’approche qu’elle développe via sa société QiLi, elle aborde pour Beobank les aspects humains à ne pas négliger lors des différentes étapes cruciales de la transmission et de la reprise d’une entreprise.

En bref

  • La peur du jugement
  • La peur de ne pas être aimé
  • La peur de ne plus avoir assez
  • La peur de décevoir

Comment pouvons-nous vous aider ?