Le nouveau droit successoral et les familles recomposées
Quelles sont les conséquences du nouveau droit successoral pour les familles recomposées ?
C’est une véritable « révolution » qui secoue le droit successoral depuis ce 1er septembre 2018. En effet, une nouvelle loi est entrée en vigueur et bouleverse toute une série de mécanismes relatifs aux successions et aux donations. Les intentions de la réforme sont louables… mais, si vous n’y prenez pas garde, les conséquences peuvent être dommageables et irrévocables. Alors, avant de vous expliquer en détail les principaux changements, gardez bien à l’esprit ce précieux conseil : vu la technicité de certaines modifications et les spécificités de chaque situation, sollicitez impérativement l’aide d’un spécialiste. Même si vous avez déjà « réglé » la question par le passé ! En effet, la réforme s’applique aussi aux donations réalisées avant le 1er septembre 2018. Ce sera donc l’occasion de bien vérifier votre planification et de profiter des possibilités offertes par les nouvelles dispositions légales…
L’un des principaux changements de la réforme concerne la « réserve héréditaire » et votre « quotité disponible ». Concrètement ? Depuis le 1er septembre :
Après un décès, le notaire réunit les héritiers pour analyser toutes les donations passées. Le but ? Équilibrer le « sort » de chacun. Se pose alors toujours la question de la valorisation… Avant la nouvelle réglementation, la distinction suivante prévalait : pour un bien immobilier, l’évaluation devait se rapporter à la date du décès et au jour de la donation pour un bien meuble (somme d’argent, titres de la société, etc.). Un exemple pour y voir plus clair :
Qu’est-ce qui a changé depuis le 1er septembre ? Dans tous les cas, ce sera la valeur à la date de la donation qui sera prise en compte. Par contre, celle-ci sera indexée jusqu’au moment du décès. Forcément plus équitable ? Pas toujours : si vous avez accordé le même montant à vos deux enfants avec 10 ans d’écart, l’indexation va créer un déséquilibre. Soyez donc prévoyant pour éviter ce genre de situations…
Prenons le cas de votre entreprise familiale… Vous voulez vous retirer pour laisser la place à votre fille. Profitant de la fiscalité avantageuse, vous lui « donnez » votre « bébé » tout en continuant à toucher des dividendes. C’est pourquoi vous avez introduit une « réserve d’usufruit » dans l’acte… Le problème ? Votre fille pourrait se retrouver dans une situation plus qu’inconfortable après votre mort. En effet, lorsqu'une donation inclut une clause d’inaliénabilité (telle la réserve d’usufruit), le « nouveau » droit successoral prévoit que l’évaluation doit se faire « à la date du décès ». Grave ? Potentiellement « coûteux » pour votre fille ! Si cette dernière a reçu les parts pour une valeur de 100.000 €, mais que, grâce au fruit de son travail, la société s’est valorisée à hauteur de 250.000 €… Au moment du partage, c’est ce montant qui rentrerait en ligne compte : en préjudice de votre fille et au profit des autres héritiers (inactifs dans la société).
Heureusement, des solutions sont prévues :
Autre nouveauté : impossible auparavant, vous avez maintenant la possibilité de vous mettre d’accord avec vos héritiers sur ce qui se passera au moment du grand partage, et ce… de votre vivant. Grâce à la conclusion d’un pacte successoral « global » (ou « ponctuel » pour une donation particulière avec certains héritiers). L’occasion pour parents et enfants d’analyser la situation, de prendre en compte tous les avantages accordés — telles les donations, mais aussi ce qui sort ce cadre : de chères études payées à votre cadet —, de remettre les choses à plat et éviter des discussions ultérieures. Évidemment, cela requiert d’obtenir le consentement de tous les membres de la famille…
Vous le constatez : les changements sont importants et complexes. Alors, soyez vigilant et sollicitez les conseils d’un spécialiste !
Un homme averti en vaut deux
Vous pouvez organiser plus librement votre succession en « disposant » de la moitié de votre patrimoine…
Toutes les donations — sauf exception — sont évaluées à la date de la libéralité, mais indexées !
L’exception ? Lorsque vous avez donné votre entreprise avec, par exemple, une réserve d’usufruit…
Des pactes successoraux prévus pour planifier « l’après »… de votre vivant !
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