Quand on cède son entreprise, le prix n’est pas le plus important…
Pas facile de choisir un repreneur pour son entreprise. Le prix ne doit pas être le seul facteur qui doit retenir l’attention.
Murielle Machiels : « D’abord, rappelons qu’une transmission est un processus qui se déroule dans le temps. Et qu’il faut à chacune des étapes faire attention à bien se rappeler ses valeurs et gérer ses peurs. À un an du jour J, il convient aussi bien canaliser son énergie. Car la transmission d’une entreprise est très énergivore. Pour chacun le niveau d’énergie est différent. Les questions qu’il faut alors se poser sont les suivantes : qu’est ce qui fait que je me sente bien après avoir fait quelque chose et qu’est ce qui fait que je me sente épuisé ? ; qu’est ce qui me donne de l’énergie et qu’est ce qui m’en coûte ? Par exemple, le cédant reçoit un e-mail décrivant tout ce qui ne va pas dans son entreprise. Cela le met en colère. Plutôt que réagir tout de suite, mieux vaut qu’il identifie les peurs sous-jacentes à ces critiques et si elles sont justifiées. Ensuite, il doit augmenter son niveau d’énergie. Et pour cela, chacun fait ce qui est bon pour lui : du sport, de la relaxation, etc. »
M. M. : « Dans la vie, nous sommes sans cesse confrontés à des opportunités et des menaces. L’e-mail dont on vient de parler, est perçu comme une menace. Inconsciemment, le cédant se pose la question : suis-je capable de gérer ? Si la réponse est oui, alors on a le courage de sortir de sa zone de confort, on va grandir et saisir l’opportunité ou régler le problème. Si la réponse est non, alors on minimise l’opportunité ou la menace, ou on reporte la faute sur quelqu’un d’autre. Dans ce cas, on peut rester dans le déni longtemps. C’est très dangereux. Car on arrive parfois dans la résignation ou la colère. En revanche, quand on gère, on est dans l’acceptation et dans l’enthousiasme. L’acceptation ne veut pas dire que l’on est d’accord mais on reconnaît qu’il y a une menace ou une opportunité et on la gère. En augmentant son énergie et en gérant ses peurs, on sera mieux à même d’être dans une dynamique positive. »
M. M. : « Le repreneur va sentir à un certain moment si le cédant est dans la colère ou la résignation. Que peut-il faire alors ? Écouter avec bienveillance. Dans une entreprise, on doit apprendre à gérer ses émotions comme on gère le cash ou son portefeuille de clients. Ecouter avec bienveillance signifie écouter en posant des questions pour essayer de mieux comprendre mais surtout, en aucun cas, donner des conseils. Il ne faut surtout pas non plus se défendre par rapport aux accusations éventuelles du cédant. La pression va alors diminuer. On construit également ainsi ce qui est très important pour les deux parties : la confiance. Elle est super importante. Il faut régulièrement se rencontrer et parler des choses qui sont importantes pour l’un et l’autre. »
M. M. : « Les conjoints ! Lors de ces rencontres régulières, le conjoint peut également participer. Il faut tenir compte de ses peurs à lui aussi. Maintenant tout dépend du cédant. Dans certains cas, le conjoint est impliqué ; dans d’autres pas. Et le repreneur doit toujours avoir à l’esprit qu’il achète un bébé, un travail personnel, et pas une voiture. »
Ancienne CEO des Éditions Plantyn, Murielle Machiels conseille aujourd’hui des organisations dans le cadre de l’adaptation aux changements rapides du marché induits par la numérisation. Forte de son expérience et de l’approche qu’elle développe via sa société QiLi, elle aborde pour Beobank les aspects humains à ne pas négliger lors des différentes étapes cruciales de la transmission et de la reprise d’une entreprise.
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