Créer des emplois valorisants pour les seniors
Le vieillissement de la population confronte notre pays à toute une série de défis sociaux et financiers. Et le gouvernement joue un rôle prépondérant dans ce cadre. Mais comment peut-il s’adresser à vous en tant que particulier et dans quelle mesure est-il important d’assurer votre avenir financier ?
Combiner les mesures
Quelles mesures proposez-vous pour aborder le problème du vieillissement ?
Koen Schoors : « Nous devons tout d’abord donner aux gens la possibilité de travailler plus longtemps et donc de prendre leur pension plus tard. Cela nous permettra de réaliser des économies sur les dépenses de la sécurité sociale. Nous devons ensuite réduire les charges professionnelles pour stimuler la croissance économique. Il faudrait enfin augmenter la TVA – pas nécessairement de manière spectaculaire – tout comme les taxes environnementales et l’impôt sur le capital. L’argent libéré de cette façon pourra être utilisé pour compenser le coût du vieillissement. »
Vos propositions sont-elles bien accueillies ?
Koen Schoors : « Certains présentent une augmentation de la TVA comme une mesure qui touchera principalement les revenus les plus faibles. Ce manque de discernement m’irrite au plus haut point, car je préconise aussi une diminution des charges salariales. Une entreprise devra verser davantage d’argent à l’État sous forme de TVA, mais devra s’acquitter de moins de charges sociales. Par conséquent, les prix de la plupart des produits et services n’augmenteront pas. Si le travail est moins imposé, les salariés recevront en outre un salaire plus élevé. Les ménages à double revenu pourront ainsi plus facilement confier une partie des tâches ménagères à des personnes extérieures afin de consacrer davantage de temps à leur famille. Les statistiques du Bureau fédéral du Plan confirment de plus que les initiatives que je propose n’auraient aucune influence négative sur le pouvoir d’achat. »
Tous ne sont pas disposés à travailler plus longtemps. Comment faire évoluer cette mentalité ?
Koen Schoors : « Nous devons créer des emplois valorisants pour les seniors. Nous perdons souvent l’expérience des travailleurs plus âgés lorsqu’ils partent à la pension. Il convient à cet effet évidemment de se pencher sur le principe d’ancienneté, qui est aujourd’hui complètement dépassé. »
Mise à jour du système
Vous êtes en faveur de la suppression de l’ancienneté ?
Koen Schoors : « Pourquoi quelqu’un qui fait le même travail depuis des années devrait gagner plus ? Il s’agit d’une notion profondément ancrée dans notre système salarial, mais aussi dans nos mentalités. Pourquoi les emplois exercés par des seniors expérimentés ne pourraient-ils pas être rémunérés comme les fonctions horizontales ? »
On dit souvent que les travailleurs plus âgés qui prennent leur pension anticipée laissent la place aux jeunes. Vous n’êtes pas d’accord avec cette affirmation ?
Koen Schoors : « Les travailleurs qui arrêtent de travailler anticipativement représentent un coût très lourd pour la jeune génération. Nous devons faire en sorte de réduire le taux de chômage pour pouvoir assumer le vieillissement sur le plan financier. Mais cela ne suffit pas. Nous avons également besoin d’une politique qui permette de mieux combiner vie privée et professionnelle, pour pouvoir engager davantage de femmes. Nous devons également consentir des efforts en vue de mieux intégrer les étrangers, que ce soit dans l’enseignement ou sur le marché du travail. Pour des raisons morales, mais aussi dans notre intérêt. »
Que pensez-vous du système de malus pour ceux qui prennent leur pension anticipée ?
Koen Schoors : « Pour moi, tout le monde peut prendre sa pension quand il l’entend. Je trouve toutefois logique que ceux qui arrêtent de travailler plus tôt touchent une pension de 20 à 30 % inférieure. Avec les conditions actuelles pour la pension anticipée, l’État met tout en oeuvre pour que l’on n’en ressente (presque) pas les conséquences. Il encourage donc les gens à arrêter de travailler plus tôt, d’où l’idée que l’on favorise l’embauche de jeunes travailleurs. Mais maintenir la pension légale relève d’une responsabilité collective, et l’État devrait y accorder plus d’importance. »
Vous êtes et restez en faveur du système de répartition actuel, selon lequel les retenues sur le salaire des travailleurs sont utilisées pour financer la pension des autres ? Et donc contre un système de capitalisation, en vertu duquel chacun épargne pour constituer sa propre pension ?
Koen Schoors : « Il ne faut pas opposer ces deux systèmes. Outre la pension légale, vous pouvez en effet disposer d’une épargne-pension, d’une assurance-groupe, d’une épargne à long terme, de plans individuels et d’une pension complémentaire libre pour indépendants. La combinaison des systèmes de répartition et de capitalisation existe donc déjà dans la pratique, et c’est une bonne chose. Tabler uniquement sur un système de capitalisation peut être réellement dangereux. Je pense ici aux Anglais et aux Américains qui ont connu la faillite de leurs fonds de pension privés pendant la crise, avec tous les drames humains qui s’en sont suivis. Mais je comprends votre question. La répartition est plus ardue à l’heure actuelle car la pyramide des âges s’est inversée : la base y est bien plus étroite que le sommet en raison du vieillissement des baby-boomers et de l’allongement de l’espérance de vie. Il convient cependant de ne pas oublier que le problème du vieillissement disparaîtra de lui-même en 2060, puisque la pyramide inversée va se rééquilibrer, ce qui permettra de payer plus facilement les pensions. »
Plus de souplesse
Pouvons-nous assurer notre avenir d’une autre manière que celles énoncées ?
Koen Schoors : « Outre les formes d’épargne citées, être propriétaire de son logement semble être une bonne manière de préparer son avenir. Troisième conseil : investissez dans votre capital humain. N’espérez plus faire une carrière de 45 ans dans la même entreprise, mais donnez-vous du temps pour vous recycler, prendre une année sabbatique, donner un nouveau tournant à votre carrière… Et travaillez plus longtemps de votre propre initiative. Bon nombre de pensionnés contribuent à une bonne oeuvre afin d’occuper leur temps intelligemment. Pourquoi dans ce cas ne pas choisir d’exercer l’activité la plus utile qui soit, à savoir travailler ? »
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