Marchés financiers : aperçu de la situation
Par Yves Kazadi, Senior Analyst - 07/03/2025

Le deuxième mandat de Trump n'est pas une répétition du premier mandat
Pour anticiper l’évolution des marchés face à l’imprévisibilité de Donald Trump, les investisseurs sont largement tentés de se fier à son premier mandat. Mais les circonstances ne sont pas comparables.
Alors que l’administration Trump multiplie les décisions tous azimuts, dont beaucoup sont contestées devant les tribunaux, les marchés restent résilients. Néanmoins, la combinaison d'une baisse des dépenses publiques d'environ 2 000 milliards de dollars et d'une réduction d'impôts de 4 500 milliards de dollars a, quant à elle, nui à la confiance des consommateurs, car ces mesures pourraient exercer une pression à court terme sur l'activité économique. Pour définir leur stratégie, nombre d’investisseurs se fient aux tendances observées en 2017, la première année du premier mandat du milliardaire. À l’époque, les Bourses avaient connu une excellente année avec des rendements de l’ordre de 20 % tant en Europe qu’aux États-Unis. Les actions des pays émergents avaient même bondi de 30 % en moyenne dans le sillage d’un net rebond des marchés chinois1. En résumé, la menace de guerre commerciale de Donald Trump n’avait guère déstabilisé les Bourses, bien au contraire.
Droits de douane
Peut-on espérer une répétition de ce scénario favorable ? Ce serait oublier les nombreuses différences entre 2017 et 2025. Tout d’abord, la première administration Trump n’avait pas directement envisagé de changer les droits de douane , les premières taxes sur les importations ayant été actées en 2018. Elles ciblaient principalement la Chine.
Cette année, la pression protectionniste est bien plus intense, ciblant notamment les partenaires et voisins des États-Unis comme le Mexique, le Canada ou l’Union européenne. Des tensions commerciales qui sont de nature à freiner la croissance.
Fragmentation économique
Comparativement, l’année 2017 avait été marquée par une croissance dynamique dans la plupart des régions du monde : 2,5 % aux États-Unis, 2,8 % dans la zone euro, 2,1 % au Royaume-Uni et 6,8 % en Chine1. La dynamique économique mondiale avait notamment été soutenue par un vaste plan de relance chinois axé sur la demande. Ce qui avait également soutenu les matières premières et les pays producteurs.
Les perspectives pour 2025 sont nettement moins favorables en dehors des États-Unis. Selon le consensus actuel des économistes, la croissance devrait ainsi plafonner à 0,8 % dans la zone euro, 0,7 % au Royaume-Uni et 4,3 % en Chine1. Il n’est ainsi plus question de convergence de la croissance, mais au contraire d’une plus grande fragmentation.
Tensions sur les taux
Les marchés obligataires constituent une troisième différence entre 2017 et 2025. À l’époque, le taux américain à 10 ans avait quasiment doublé entre mi-2016 et mi-2018, mais en partant d’un niveau historiquement bas de moins de 1,5 %2. L’impact sur l’économie (coût du crédit) et sur les finances publiques (intérêts de la dette) s’était ainsi avéré relativement limité.
Aujourd’hui, ce taux de référence atteint déjà 4,3 %1. Toute tension sur l’inflation, découlant par exemple des droits de douane, et sur les taux serait ainsi bien plus dommageable. D’autant plus que le déficit public américain dépassait déjà les 6 % du PIB en 2024, soit le double de celui de 20173. Ce qui laisse très peu de marge de manœuvre et pourrait susciter des inquiétudes croissantes sur les marchés financiers.
Stratégie évolutive
Il convient donc de demeurer vigilant et prêt à réagir. D’autant plus que ces considérations macroéconomiques s'accompagnent de changements dans les dynamiques sectorielles. Par exemple, le développement de l’intelligence artificielle (IA) a jusqu’ici essentiellement soutenu les géants technologiques américains. Mais une baisse des barrières à l’entrée, telle qu’envisagée par l’IA chinoise DeepSeek, pourrait changer la donne. Les principaux bénéficiaires de l’IA ne seraient alors plus les fournisseurs d’infrastructures (puces, centres de données), mais les entreprises proposant des solutions basées sur cette technologie, comme les éditeurs de logiciels (tels que SAP…).
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Sources:
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